Récemment j’ai eu le plaisir de participer au podcast d’Edison IA pour discuter de l’impact de l’IA sur le métier de photographe et partager ma vision de ce que sera le photographe de demain face à l'arrivée de l'intelligence artificielle. Enthousiaste et optimise, je suis convaincu que l’IA est une véritable opportunité pour les photographes qui accepteront de l’utiliser.
La vérité qui dérange
Je vais être direct : la plupart des photographes événementiels se mentent à eux-mêmes.
Ils passent des heures devant leur ordinateur à peaufiner leurs images, à retoucher des détails que personne ne remarquera jamais. C'est ce que j'appelle le syndrome du photographe artiste, qui fait davantage des photos pour lui que pour servir son client.
La réalité, celle que nombreux refusent souvent d'admettre, c'est que la photographie événementielle est devenue un produit éphémère. Ce n'est pas de l'art destiné à être exposé dans une galerie. C'est du contenu destiné à être partagé, liké, commenté... puis oublié.
Je ne dis pas qu'on ne peut pas avoir un œil et une patte artistique. Au contraire, c'est ce qui fait notre valeur. Mais il faut savoir doser, remettre les pieds sur terre et accepter une vérité inconfortable : en photo événementielle, l'instant apporte plus de valeur que la perfection technique.
La plus belle photo du monde, retouchée pendant une heure, mais publiée trois jours après l'événement générera moins d'impact qu'une photo publiée au bon moment ; quand l'attention des gens est là et que l'émotion de l'événement est encore présente.
Il y a quelques années, j'ai posé une question toute simple à des clients et des organisateurs d'événements ; et je vous invite à faire de même avec vos clients ou à vous poser cette question : "Qu'est-ce que vous faites des photos HD retouchées reçues après l’événement ?"
Sans trop de surprise, 90% reconnaissent ne jamais les utiliser. Elles finissent sur un serveur, dans un dossier "Archives événement 2025", qui ne sera jamais rouvert. Hormis 5 à 10 photos, ces images ne revoient jamais la lumière du jour. Toutes ces heures passées à retoucher des centaines voire des milliers d’images ne servent à rien. Et dans le contexte économique actuel ce n’est bon ni pour l’organisateur, ni pour le photographe.
Les photos qui sont utilisées, partagées avec les participants, celles qui génèrent de l'engagement et servent vraiment la communication... sont toujours les photos publiées en direct de l'événement.
Dans un monde qui va vite, nous sommes submergés d’informations, et on passe rapidement à autre chose. Dès le lendemain, le temps de l’événement est passé, nous n’avons pas d’attention à consacrer. Ce n’est ni l’IA générative, ni une autre technologie révolutionnaire qui va faire disparaître les photographes, mais bien l’incapacité des photographes à s’adapter aux nouveaux usages et modes de consommation des médias.
Et dans ce contexte, l’IA est un véritable allié !
L'IA : un assistant, pas un remplaçant
Ma conviction profonde, c'est que l'IA ne va pas remplacer les photographes événementiels. Pourquoi ? Parce qu'en photographie événementielle B2B, on vend de l'authenticité et de l’émotion.
Les organisateurs ou participants ne veulent pas de photos générées par IA, ils veulent voir leurs vrais collaborateurs, leurs vrais partenaires, l'ambiance réelle de leur événement.
Et d’ailleurs on assiste à un paradoxe magnifique : plus il y a de contenus générés par IA, plus la vraie photo brute prend de la valeur. En réaction à toutes les images générées, les gens recherchent plus l'authenticité. Ce n’est pas pour rien que la mode du SOOC (Straight Out Of Camera) prend de l’ampleur.
Au quotidien j’utilise donc l’IA pour m’assister sur les tâches répétitives, chronophages et à faible valeur ajoutée pendant que je me concentre sur l'essentiel : faire des photos et m’occuper de mes clients.
Une utilisation raisonnées de l’IA
L’IA est un outil qui soulève des critiques et tout un tas de questions éthiques, écologiques et juridiques. Le débat n’est plus de savoir s’il faut utiliser ou non les IA, mais comment les utiliser de manière responsable.
En développant Pixilive, j'ai voulu construire un outil qui reflètent ma vision du métier et mes valeurs :
Corrections automatiques simples : l’IA améliore la luminosité, contraste, WB, bruit, sans dénaturer l’image d’origine et l’intention du photographe. Je ne voulais pas non plus d’une IA entraînée sur les photos des photographes et trop gourmande en ressources
Pas de reconnaissance faciale : aucune utilisation, ni stockage de données biométriques pour le respect des données personnelles des personnes photographiées.
Pas d’IA gadget : utilisation raisonnée de l’IA au service des utilisateurs
Je crois à un usage éthique de l’IA, au service de l'humain, pas l'inverse.
Le pari gagnant-gagnant de l'IA comme assistant
Voilà maintenant plusieurs années que j'ai fait ce pari : utiliser l'IA comme assistant, assumer cette approche auprès de mes clients, et adapter mon métier plutôt que de le subir.
Résultat, tout le monde y gagne.
Mes clients peuvent communiquer en temps réel pendant leurs événements, fidéliser leurs partenaires et engager leurs participants. Ils ont un service adapté à leurs vrais besoins et contraintes budgétaires.
En tant que photographe, j'ai gagné du temps, des clients, de la rentabilité, et surtout du sens. Je me concentre sur ce que j'aime : être sur le terrain, capturer l'instant, et accompagner mes clients.
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